Donner de la cohérence à un collectif horizontal
Certaines organisations choisissent de ne pas fonctionner selon une hiérarchie classique. C’est un choix assumé, souvent cohérent avec leur culture, leur histoire ou leur mission. Les fonctions sont transversales, les décisions se construisent collectivement, la posture est horizontale. Mais au fil du temps, une autre difficulté apparaît : comment se coordonner sans réintroduire, par défaut, des jeux de pouvoir ou des prises de contrôle informelles.
Dans ce type de configuration, les tensions ne viennent pas d’un manque de responsabilité, mais d’un excès d’interdépendances mal cadrées. Chacun agit avec attention, mais personne ne sait exactement qui tient quoi. Les décisions se prennent par consensus, mais elles prennent du temps. L'information circule, mais sans cap. La coopération repose sur la bonne volonté plus que sur une structure claire.
Nous intervenons parfois dans ces contextes. Il ne s’agit pas de proposer une hiérarchie, ni d’imposer un modèle externe. Il s’agit de construire un cadre adapté à un fonctionnement collectif. Cela passe par un travail de clarification des périmètres. Qui pilote quoi. À quel moment. Selon quelles règles implicites ou explicites. Puis par la mise en place d’espaces de régulation. Des lieux, des rythmes, des formats où l’on peut poser les tensions, traiter les points flous, ajuster les engagements.
Le cadre reste souple. Il ne verrouille pas. Il soutient l’autonomie. Il permet à chacun de se situer, d’agir, de contribuer sans se substituer. Ce travail se concrétise par des trames de coordination, des référentiels partagés, des règles de fonctionnement simples et explicites. Ce ne sont pas des procédures. Ce sont des repères.
Coordonner sans hiérarchiser, ce n’est pas renoncer à l’organisation. C’est lui donner une forme compatible avec le collectif. C’est reconnaître que la clarté n’est pas l’ennemie de l’horizontalité. Et que structurer, ici aussi, peut permettre de préserver ce que l’on cherche à faire vivre.